Dé mo kat Pawol

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Espace d'information, de discussion, de réflexion et de propositions animé par des acteurs de la communauté du pôle UAG Guadeloupe sur l'actualité et les phénomènes de société.

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    Analyse du mouvement par Yannick Melon, Business Consultant

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    Messages : 6
    Date d'inscription : 26/01/2009

    Analyse du mouvement par Yannick Melon, Business Consultant Empty Analyse du mouvement par Yannick Melon, Business Consultant

    Message  Admin Sam 31 Jan - 16:55

    Depuis samedi soir en dépit des questions de forme, d'organisation, de mobiles avoués et non avoués, des postures stratégiques et idéologiques, il semble qu'il y ait des points d'histoire très intéressants à relever.
     Nous assistons à une rencontre discussion/négociation mettant autour d'une table l'essentiel de la représentation socio-politique en Guadeloupe. De ce point de vue le débat est devenu largement populaire sinon popularisé du fait du niveau de représentation et du fait de sa retransmission médiatique.
     La demande de négociation du collectif, ubuesque, certes car,  faut-il rappeler son large éventail de sujets, ( la complexité et les enjeux posés par les revendications ainsi que la difficile phase des réponses à envisager) a le mérite de mettre en relief et à notre appréciation :
     -         Une rencontre de la quasi-totalité de la responsabilité locale, qu'elle nous vienne de l'autorité  administrative déconcentrée (l'Etat), la légitimité électorale (les élus locaux), une représentation largement panoramique des acteurs sociaux (syndicats, associations socio-culturelles, corporations économiques sectoriels, chambres consulaires, partis politiques et groupes de pensées etc.)
     -         Une coexistence ou un partage du terrain local selon des légitimités et des modes d'actions différents voire concurrentiels. Tout cela sur un terrain préalable de compétences et pouvoirs mal répartis, où le réflexe « politique » le plus souvent passe par la culpabilisation d'un camp réputé adverse, la description et la valorisation de ses propres modes de gestion : outils juridiques et financiers (sans jamais vraiment décrire et proposer une réflexion cohérente et partagée de l'enjeu Guadeloupe)
     -         La mise à nu en conséquence des limites du niveau d'action et des outils de chacun, au regard des résultats atteints ainsi qu'une quasi-absence d'une vision réellement prospective.
     -         La mise en évidence de l'essoufflement de l'organisation administrative territoriale actuelle (pas seulement en Guadeloupe) avec des collectivités relayées au mode restrictif. Rappelons à ce titre que l'Etat est en train en ce moment même de recomposer toute son organisation territoriale. Ce n'est pas anodin. 
     Il y a, il est vrai , des risques dans une mise en scène telle que proposée. C'est vrai, concédons le :
     -         Du fait de la fragilité de l'opinion publique, du fait à la fois de la complexité des questions abordées aggravées par la manipulation politique, on pourrait se dire que tout cela n'arrangera pas le désenchantement important vis-à-vis de la classe politique
    -         Du fait que la plupart des questions posées interpelle des enjeux dépassant le simple cadre régional et de même la question de la capacité du politique à agir sur des contraintes économiques (c'est un débat du Monde, pas seulement le nôtre) 
     -         Du fait que l'on pourrait rapidement se retrouver face à une demande de « plus d'Etat » pour peu que la question se recentre sur la capacité à agir dans les limites du système actuel. Dans ces conditions rien n'avancerait et on se retrouverait encore à conforter une position réputée dominante depuis des lustres.
     -         Du fait qu'il n'y a pas que les élites à engager sur le plan de la responsabilité, et qu'il faudrait que chacun en accepte le principe afin de mieux s'y engager Autrement on tombe dans le « Eux » et « Nous », les « Bons » et les « Méchants ». tout cela n'est pas très fertile (a voir).
     -         Du fait que s'exposer médiatiquement est certainement un risque d'émergences de  caricatures, de visions et représentations empressées ou illusoires.
     Précisément, le collectif a convoqué tout le monde. Il n'y a pas donc d'approche simpliste et unique de la responsabilité locale.
     Le collectif demande une réflexion partagée et ne centralise pas ses questions à l'attention de l'Etat.
     Le collectif ne tombe peu ou pas (attention tout de même, il y a quelques dérapages) dans le discours simpliste mais propose globalement un mode analytique de l'organisation socio-politique-économique en présence afin de comprendre ce qui se passe pour ensuite passer à une réflexion sur l'action à envisager.
     Il était en effet plus aisé, dans un passé récent, de stigmatiser la revendication sociale en Guadeloupe du fait des ses actions sectorielles et du fait des modes d'expression et d'actions déployés. L'aubaine pour la préfecture et autres responsables « régaliens » qui déversaient dans le discours éthique et les bons vieux rappels du discours républicain. Il est plus complexe aujourd'hui de répondre à des revendications dont le point de départ est l'analyse à partager et la demande de discussion.
    Je n'en dis pas plus parce que ce n'est pas le but. Il y à là une rencontre qui, en dépit des erreurs de casting (l'animateur), de l'assiette très important des revendications et surtout des volontés de conservation de positions séculaires, semble prendre la forme d'un débat populaire. Quelque soit la méthode tout le monde est contraint de « plancher » sur les confins d'une organisation administrative et économique actuelle ainsi que sur ses résultats. Tout cela sous fond de retransmissioin médiatique (en dépit de nos exigences respectives de ce que nous définissons comme média).
    Quant à la suite nous verrons bien
    Toutefois, chacun a le profond sentiment qu'une page de notre histoire est en train d'être écrite, et qu'elle marque l'évolution de la construction du peuple guadeloupéen, du pays Guadeloupe.
    Au-delà du mouvement social qui traduit clairement la manifestation d'un malaise social, c'est une révolution politiquequi s'est mise en marche.
    Une révolution consiste à opérer un changement, un bouleversement important et brusque dans la vie d'une nation.
    Il n'est pas pour autant nécessaire que la violence accompagne cette révolution, ce qui importe avant tout c'est l'ampleur de l'expression d'une volonté de changement.
    Il apparaît clairement que le peuple Guadeloupéen revendicatif (manifestants) et silencieux appelle de ses vÅ“ux ce changement.
    C'est en ce sens qu'une révolution politique en Guadeloupe est en marche, car l'expression de ce mouvement populaire reflète un peuple mûr, qui réfléchit
    sur lui-même, sa réalité et son environnement. Le stigmatiser dans un portrait négatif n'est pas faire Å“uvre de construction, mais pire, c'est méconnaître sa réalité.
    Il y a bien longtemps que nous n'avions pas assisté en Guadeloupe à un élan aussi frais, aussi vrai, empreint d'une conscience qui est porteuse d'avancées sociétales et non pas du contraire.
    Sans refuser de regarder en face notre réalité, notre comportement hyper consumériste, notre rapport au travail, à l'ordre établi, il ne faut pas pour autant ignorer les changements subreptices que l'on observe en Guadeloupe.
    Le texte de Pépin a généré beaucoup d'émois et à raison, car ce n'est pas un texte positif qui appelle à la construction. Il met en exergue des travers
    que l'on ne nie pas mais il ne souligne pas nos possibilités, capacités, réalisations. Et ce sont ces critiques qui ont été faites. En ce sens, n'avons nous
    pas franchit un pas?
    La demande populaire n'est pas simplement sur le maintien d'avantages acquis mais sur de l'innovation, du changement, une volonté de
    faire le pays Guadeloupe.
    En d'autres termes, c'est la conscience populaire qui parle et elle est génératrice de révolution.
    Au-delà du catalogue de lieux communs émis comme une preuve d'un désamour porté à son peuple, je retiendrais un point sur lequel il convient selon moi de s'arrêter.
    Monsieur Pépin fait état « d'une société qui a mis en faillite les intellectuels de tous bords ». Non, Monsieur Pépin, en aucun cas, dans quelconque société qu'il soit (en dehors des régimes totalitaires, captifs de la liberté d'expression), une société ne met en faillite les intellectuels.
     Il revient aux intellectuels en toute responsabilité de répondre, de penser, de dénoncer les incohérences de la société dans laquelle ils vivent. Car nul ne peut être vidé sans son consentement de sa propre pensée. On ne saurait évoquer une éventuelle capture de la réflexion des intellectuels sans souligner leur assentiment, plein et entier.
    Où en est la Guadeloupe actuellement ? La Guadeloupe consciente des incohérences de son système est en mouvement, et elle le dit.
    Au-delà du cahier de revendications qui apparaît il est vrai comme je l'ai dis plus haut, relever d'une forme de surréalisme (et qui rappelle cette fameuse citation de Che Guevara : soyez réaliste : demandez l'impossible !!!); c'est avant tout la volonté d'un peuple d'opérer un changement de sa société qui trouve dans cette révolution son expression pleine et entière.
    La Guadeloupe veut avancer et elle demande à toutes ses ressources de se questionner y compris les intellectuels. Elle demande à ses ressources de se rencontrer, d'exprimer ensemble ce qu'elle est au fond, une terre riche, noble, debout qui veut réussir.
    Que l'ensemble des guadeloupéens, (ouvriers, producteurs, commerçants, fonctionnaires, artisans, artistes, jeunes actifs, étudiants, chômeurs, retraités, intellectuels, libre-penseurs, etc.) se retrouvent se rencontrent pour bâtir ensemble un pays Guadeloupe.
    Et en la matière, il convient de respecter la Guadeloupe, car elle fait preuve de maturité, de profondeur et de grandeur d'âme.
    Les demandes sociales, démocratiques, identitaires, culturelles et politiques que nous exprimons ces jours nous rappellent à notre propre responsabilité.
    Mais elles sont également inédites quant à leur formulation et nous sommes questionnés singulièrement sur la méthode. Pouvions-nous penser que tout partirait de là ? La méthode où comment échanger entre nous, regarder notre pays avec fierté, le construire ensemble !!!!
    La Guadeloupe donne une image de société empreinte de démocratie (le moins mauvais des régimes politiques) et demande à évoluer dans la dignité et
    le respect de soi-même.
    C'est ce NOUS qui est porteur d'un véritable moteur du changement.
    C'est sur ce NOUS que nous devons appréhender l'évolution qui se profile.
    Il convient d'espérer que l'ensemble des acteurs soit imprégné de ce sentiment et nous fassent avancer en ce sens.
    Yannick MELON KALB
    Business Consultant
    Directrice CREDENTIA

      La date/heure actuelle est Dim 19 Mai - 7:29